samedi, février 09, 2008

Arthur et Compagnie (Chapitre 3)

ARTHUR & COMPAGNIE

Une histoire épique de chevaliers, de dragons, de magie et de hobbits*

*Aucun hobbit n'a été volontairement torturé à mort au cour de cette histoire.


CHAPITRE III

Heureusement pour nos deux aventuriers intrépides, les marais de Ma-Raye n'étaient qu'à environ 4km du village, car la fatigue et la faim commençaient déjà à les gagner. Et l'ennui aussi. Sans parler des moustiques qui ne cessaient de les piquer, ou les croassements énervants des grenouilles, ou encore les lézards qui barraient constamment la route pour aller d'un tronc d'arbre mort à un autre, sans oublier le brouillards épais qui s'instaurait lentement et qui relançait l'arthrose de Merlanisher, qui à son tour, se mettait à gémir comme une hyène dès que le cheval faisait un mouvement, et puis l'odeur marécageuse et cadavérique ignoble qui montait dans les narines, comme celle des pieds d'un hobbit après un marathon. Franchement, les marais, ça craint.

Mais le pire restait encore à venir, et Arthur en était bien conscient. Il posait donc tout un tas de questions pertinentes au magicien, qui était toujours heureux de lui offrir des réponses:

"C'est encore loin?"

"Non, sire."

"Vous auriez un baume contre les piqures d'insectes?"

"Non, sire."

"Tirez mon doigt..."

"NON, SIRE!"

"ALLEZ!!! On s'emmerde grave, là! Tirez mon doigt!"

"..."

"Si j'avais su que vous étiez un tel rabat-joie, maitre Merlanisher, eh bien j'aurais pas viendu..."

Mais soudain:

"HALTE!! ATTENDEZ, SIRE!"

Et le cheval de Merlanisher stoppa. Et celui d'Arthur aussi, vu qu'il était derrière, et que les chevaux ne se reniflent les fesses qu'à contre-coeur.

"Ne me dites pas qu'on s'arrête ENCORE pour laisser passer un de ces satanés lézards! Je vous jure que je descend et que je m'en fait une ceinture... euh... ou du moins un bonnet pour votre hiboux."

"Nous devons continuer à pieds, sire. On dirait des sables émouvants devant nous..."

"Vous voulez certainement parler de sables mouvants..."

"Non, des sables émouvants, sire. Regardez, là-bas!"

Et Arthur regarda au loin, là-bas, dans la direction dans laquelle pointait l'index démonstratif du magicien.

Un petit bonhomme, avec de gros cernes autour des yeux et habillé tout en noir était debout, les pieds jusqu'aux chevilles dans le sable, et chiallait comme une Madeleine. Ses sanglots étaient encore plus irritants que toutes les autres choses inconfortables des marais réunis. Mais il semblait incapable d'arrêter.

"S'il continue à chouiner comme ça, je sens que je vais péter un câble et lui arracher les glandes lacrymales avec les ongles... nom d'un chien! Mais c'est insupportable!"

"Et ce n'est pas le pire, sire! A force de pleurer sans cesses, en raison des gazes semblables à ceux
de l'oignon qui s'échappent du sable, cette homme va finir par se vider de son eau et mourir de déshydratation. C'est une mort attroce... et franchement, je ne souhaite pas la partager. Il va nous falloir être très prud..."

*BLONK!*

*PLATCH!*

"AHHHH! Eh bien voilà qui est mieux, hein? Rien ne vaut une bonne pierre bien lourde et un peeling facial au sable pour que l'on se sente mieux! Vous voyez? Il a arrêté de pleurer!"

"Dites-moi que vous ne venez pas de lui jeter une pierre à la figure, sire..."

"Euh... je... n'ai pas jeté de pierre *dans* la figure de ce pauvre homme... je pense que je l'ai plutôt touché de plein fouet à l'arrière de sa tête. Je ne voulais tout de même pas le défigurer! Je ne suis pas un barbare!"

Après avoir inséré une tige de roseaux dans la bouche de la malheureuse victime de... euh... des sables émouvants, afin qu'elle ne suffoque pas en respirant du sable (nos héros n'étant pas des barbares!), Arthur et Merlanisher reprirent leur chemin à travers les immondes et effrayants marais de Ma-Raye à pieds.

Plus ils s'enfonçaient dans les profondeurs de ce lieu lugubre, plus l'obscurité vint vite. Surtout lorsque la nuit tomba. Il firent une petite pause de deux heures pour vider leur bottes pleines de sable, d'eau, de têtards, de lentilles d'eau et d'algues, gratter les innombrables piqures d'insectes et, ce qui fut la pire expérience d'Arthur jusqu'à présent, retirer les vicieuses sangsues dont les marais regorgeaient, à l'aide d'un fer ardant:

"Ne bougez pas, sire, je crois que vous en avez encore une là, sur le torse..."

"Hein? Où? Sur le quoi?"

*PCHSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS!!!*

"AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH!! OH MY GOD!!! MAIS VOUS ETES CON OU QUOI?! VOUS M'AVEZ FLAMBE UN TETON!!!"

"Oh... euh... toutes mes excuses... sire..."

"MAIS C'EST QUOI CE GROS BOULET QU'ON M'A FILE EN GUISE DE MAGICIEN?!"

"Vraiment... euh... je suis confus, sire, j'étais certain que c'était une sangsue... la taille, la forme..."

"Si vous ne voulez pas vous retrouver allonger à coté de l'autre émo-goth, là-derrière, vous feriez bien de vous écraser..."

Après cette petite interlude douloureuse, nos deux amis décidèrent d'attendre la levée du jour avant de continuer, parce que de se trimbaler à teton...

"EHO! C'est pas comique!"

... pardon, à tâtons dans les marais, ce n'est ni très malin, ni très prudent, ni très agréable. Ainsi, nos amis campèrent sur un petit ilôt. Merlanisher tenta en vain d'allumer un feu avec de la mousse et des feuilles, mais tout ce qu'il réussi à faire, fut d'emfumé les environs d'une épaisse brume nauséabonde.

*tousse!* "Eh ben, bravo, l'artiste!" *tousse!*

*tousse!* "Désolé, sire!" *tousse!* "J'étais persuadé que ça allait prendre..." *tousse!*

*tousse!* "Merde! Ca sent le cochon grillé, ou c'est mon imagination? Vous l'avez trouvé où cette mousse?" *tousse!*

*tousse!* "Elle poussait là, sur cette petite souche rose... difficile à arracher." *tousse!*

*tousse!* "Une souche... rose?!" *tousse!*

En effet, à quelques mètres seulement du campement, vers l'ouest et un peu au nord, se trouvait une sorte de petite souche, de laquelle poussait une mousse étrange... rousse... presque comme...

"DES CHEVEUX?!"

Oui, voilà, des cheveux. En creusant un peu, Arthur découvrit également plus bas, des sourcils, puis des yeux, un gros nez, et une grosse bouche qui se fit immédiatement entendre:

"CREVINDIEU! J'ai bien cru que j'allais passer l'arme à gauche! Ca fait bien deux heures que je retiens ma respiration!"

"Euh... de rien..."

"Quoi?! Vous attendez d'moi que j'vous dise merci en plus?! Nom d'un troll qui pue!"

"Je peux aussi remblayer le trou, hein!"

"Manquerait plus qu'ça! Allez! Aidez-moi à sortir de c'merdier avant que j'me fâche!"

Et Arthur fit ce que le petit bonhomme poilu lui demanda, non sans remors.

"Ah bah ça va bin mieux là! Alors! Qui d'vous deux a marché sur moi tout à l'heure pendant que j'faisais une sièste, jusqu'à ce que je m'enfonce dans c'te daube jusqu'au narrines?!"

"Sire, je pense que c'était vous... vous m'avez même dit 'Ah tiens, je crois que j'ai marché sur un crapaud, c'est dégueulasse, il va encore falloir que je frotte cette chiotte pendant des heures pour la nettoy...'"

"Oui! C'est bon... erm... c'est... euh... possible que c'était moi. Mais c'était par mégarde. Je ne m'attendais pas à croiser un nain dans un marais!"

"Eh bien, sire, pour être précis, c'est justement ce que nous cherch..."

"D'ACCORD! C'EST BON! *J'AI* marché sur un nain et *JE* lui ai enfoncé sa poire dans le sol! Vous êtes content maintenant?"

"Je voulais simplement mettre les choses au clair, sire!"

Le nain semblait perdre patience et interrompit illico-presto ce débat virulent:

"Bon! Est-ce que ça vous dérangerait de m'dire c'que vous m'voulez au juste, mis à part me marcher d'ssus?"

Et nos deux aventuriers chevronnés racontèrent leur incroyables périples...

La suite de cette histoire féérique dans le prochain chapitre!

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